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L’art de la famille est parfois difficile

 

 

Imaginez des vacances pour l’un des membres de la famille, faisant plus de 12 heures de route pour arriver enfin qu domicile de sa progéniture, et qui découvre avec stupeur un morceau de bois creusé par le couteau, mais dont l’encours ne laisse pas supposer l’objectif fini. Fort d’un avis sur tout, même sur ce qui est inconnu, de dire : tu as trouvé ça à la mer, c’est du bois flotté ?  Et de répondre avec une voix écumante de tristesse, non, c’est une vierge qui prend forme.

 

Il y a le feu !

J’ai eu chaud, j’aurais pu être répudié sur le coup !  Heureusement que l’âge aidant, cette personne a échappée au réflexe twitter, Facebook, j’aurais été lapidé de mégabits critiques. On a le droit de sécher la créativité, mais de là à incendier celle des autres…

 

Le lendemain, je décide de lui montrer ma dernière trouvaille : la pointe sèche. Il s’agit pour les lectrices et lecteurs qui ne connaissent pas, de la gravure sur cuivre en l’occurrence, qui sera encrée puis passé sous une presse de 2 tonnes pour donner une impression sur un papier à 4,90 € la feuille. L’art est cher ! La critique aussi.

 

Je lui montre un nu d’une femme, c’est chaud comme modèle, et voilà que le sourcil dressé je l’entends dire que son nez, hé bien on dirait une bite !  Evidente réplique de ma part : il n’y a longtemps que tu n’es pas allé dans un musée voir une exposition de gravure ? Il y en a une belle en ce moment au musée des beaux arts à Quimper, des gravures de Picasso sont sur les murs. A voir des nez et autres traits marqués d’une pointe sèche, fendant le cuivre avec une courbure de ligne droite aussi souple qu’un sillon de champs labouré, le verbe pourrait devenir timide et voir qu’il n’y a pas de loupé. C’est de l’art, et l’art ne représente forcément pas le détail de ce qui est tel qu’il veut bien se montrer.

 

Quand la parole est plus destructrice que créatrice

Après avoir répondu avec des mots mous, on m’a laissé entendre avec fatuité ricanée que je pouvais vaquer à ma créativité, mais que je ne serais pas populaire. C’est vrai, pourquoi une critique douterait de sa justesse vanneuse, et surtout de mes ambitions. Si des fois la famille pouvait mettre autant d’énergie à tenter de corrompre à leur tour l’art, avec le support de leur choix, il y aura moins de créativité cachée, moins de frustration, moins de personnes castrées par leurs ascendants.

 

Dis-moi tout mon beau miroir

Maintenant, à bien y repenser, les murs de sa maison sont sans tableau, sans rien d’autre qu’un énorme miroir très ancien dans la salle à manger. C’est sûr, l’image de soi est mieux que l’art des autres. Mieux vaut manger son ego que refouler son imposture. Nez en forme de bite ou tête de nœud ?  Tout dépend de quel côté du miroir on se trouve.

 

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