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La réaction du public face aux impressionnistes

 

Jules Laforgue, après être allé à une exposition d’impressionnistes en Allemagne, a trouvé une définition pour ce groupe d’artistes qui, bien que restrictive, semble néanmoins remarquablement prophétique. Selon lui un impressionniste est un peintre qui se sert de la sensibilité de sa vue en contact direct avec la nature afin de percevoir de splendides scènes en plein air au point d’atteindre un type de vue instinctive qui n’est pas embuée par les préjugés et les conventions de son éducation.

 

Au-delà des conventions traditionnelles de la peinture de tableau

Stéphane Mallarmé décrit la perspective de Manet comme nouvelle, sur un objet ou une personne, stable, pure et abstraite, et il n’est pas nécessaire de rappeler la célèbre remarque faite par Cézanne à propos de Monet : Il n’était qu’yeux, mais quels yeux !  Il est clair que les yeux de Monet avaient une réactivité exceptionnelle. Mais ce que Laforgue voyait certainement était que ce développement de sens aidait à mieux être au service d’une attitude mentale. Dès lors l’impressionnisme était en position d’aller au-delà des conventions traditionnelles de l’art de la peinture, du dessin et de l’éclairage studio : il indique des formes et des distances par vibration et contrastes de couleurs, il examine le sujet dans son atmosphère lumineuse et dans les changements de lumière. Un paysage baigné de lumière est formé de milliers de conflits animés, de décompositions prismatiques, de traits irréguliers qui de loin se fondent et créent la vie. Laforgue conclut que l’œil impressionniste est l’œil le plus avancé de l’évolution humaine, il a conquis et mis à la lumière du jour les nuances les plus complexes.

 

Mais l’important est que ces moyens permettent une meilleure approche du cœur de la nature. Les impressionnistes sont sans aucun doute les héritiers de cette sensibilité, cette confiance en un monde meilleur que le 19e siècle a hérité de Rousseau. Ces mots de Constable auraient pu être prononcés par n’importe quel impressionniste : je n’ai jamais rien vu de laid. Enfin, cette notion est incompatible avec le réalisme et le naturalisme d’après Zola, et pour cette raison ce dernier, encombré de ses lourdes formules, en est venu à couper tout contact avec ces peintres qui étaient ses amis d’enfance.

 

L’impressionnisme doit évoquer une participation intime dans la vie

L’impressionnisme doit évoquer en chacun de nous une participation intime dans la vie séculaire. Le panthéisme, l’unanimisme et le pluralisme ne sont que difficilement étrangers à cela. Ce style devient un mélange de royaumes végétaux et une extension de leurs particularités jusqu’à des proportions cosmiques. Dans les forêts sombres et austères de Barbizon il s’épanouit soudainement tel une fleur bourgeonnante, la nature est transformée en particules incorporelles, la densité se fond en tâches lumineuses. La même magie en couleurs entoure l’objet et illustre quelle peau est colorée par d’autres réflexions, alors que l’eau se donne à toutes les réflexions.

 

Cependant, le succès d’œuvres individuelles des plus grands peintres impressionnistes comme Cézanne, Renoir et Monet, porte son propre antidote, indispensable. Ce culte de l’éphémère, dans lequel des images d’heures défilant, de variations de la lumière du jour, de l’intensité des émotions éveillées ne pouvait cacher le fait qu’une réalité durable reste, de par ses structures, cadres de travail et aussi ses idées. L’eau ne cesse de couler, changeant constamment, mais la rivière est toujours là.

 

Pour les impressionnistes, tout est un paysage, même des objets allant du fruit aux structures les plus concrètes et tous les éléments qui sont rassemblés dans la nature morte. Lorsque Paul Cézanne peignait, lui qui est allé plus loin en organisant une nouvelle forme de peinture, il ne le faisait jamais en une seule fois, il n’était pas intéressé par la nature de son modèle mais par la richesse extraordinaire et la variété des facettes de couleurs du visage, qui se divisent et se superposent telles les facettes d’une montagne. Il existe un échange constant entre l’apparence de la personne et l’air qui l’entoure, la lumière qui la touche. La structure qu’il recherchait sans relâche et a fini par trouver est celle de la nature. Une tête est comme un rocher, un corps comme un arbre. Le résultat représente des hommes ou des femmes se baignant tels des pins inclinés dans leurs propres forêts. Cézanne réussissait toujours à maîtriser sa propre volubilité. Afin d’épuiser toutes les possibilités de ses rares thématiques, sur lesquelles il revenait constamment, il a créé une hiérarchie, un ordre, et a imposé un rythme, ce qui est représenté dans le traitement des formes essentielles et dans le recours aux élongations et déformations. Cézanne a ainsi créé une nouvelle apparence, plus durable et importante que celle d’un moment, mais toujours soumise à la nature.

 

 

Il est vrai que l’impressionnisme est un corps dont les membres se sont harmonieusement développés. L’historien le plus éminent sur le mouvement, Lionello Venturi, avait raison lorsqu’il considérait que les impressionnistes se complétaient, chacun avec ses différents principes : la joie, l’animation et l’esprit de l’image exprimés par Renoir ; l’âme des choses par Monet ; la maîtrise du monde rustique par Degas ; la grandeur, le raffinement et l’impressionnante connaissance par Cézanne ; l’ampleur rurale, religieuse et épique par Pissarro ; la finesse et la tranquillité par Sisley.

 

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